Sylvain Prudhomme

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Sylvain Prudhomme a passé son enfance dans différents pays d'Afrique (Cameroun, Burundi, Niger, île Maurice) avant de venir étudier les Lettres à Paris, puis de diriger de 2010 à 2012 l'Alliance franco-sénégalaise de Ziguinchor, au Sénégal. Il est agrégé de lettres modernes.
Il est allé recueillir des contes dans le nord du Bénin qu'il a publiés sous le titre Contes du pays tammari, (Karthala, 2003). Il est également l’auteur de Les Matinées d’Hercule (Serpent à plumes, 2007), monologue romanesque sur le thème de l’homme qui dort et du voyage immobile et de Tanganyika Project (Léo Scheer, 2010).
Il a collaboré à la revue Geste et au journal Le Tigre, pour lequel il a notamment écrit deux reportages en feuilleton : « Africaine Queen » (2010), sur les salons de coiffure du quartier Château d'Eau, à Paris, et « La vie dans les arbres » (2011), sur les habitants isolés des forêts de l'Ariège. Il a traduit l'essai Décoloniser l'esprit, de l'écrivain kényan Ngugi wa Thiong'o (La Fabrique, 2011).
Sylvain Prudhomme a reçu le Prix Louis Guilloux 2012 pour son roman Là, avait dit Bahi, relatant l'histoire d'un fermier algérien à la veille de l'Indépendance.
Son roman Les Grands (éd. L'Arbalète, Gallimard) a été désigné « Révélation française de l'année 2014 » par la rédaction du magazine Lire. Paru en 2016, le roman Légende (éd. L'Arbalète, Gallimard) a été finaliste du Grand prix de l’Académie française. Ce roman a également reçu le prix François-Billetdoux de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) et le prix Révélation de la Société des Gens de Lettres.
Depuis 2014, il développe différentes formes de lectures musicales avec des compagnons de route comme le joueur de oud Fayçal Salhi, la violoncelliste Maëva Le Berre, le photographe Lionel Roux ou encore les musiciens du Super Mama Djombo Malan Mané et Djon Motta. Il a créé en 2016, avec la chorégraphe Raphaëlle Delaunay, dans le cadre du festival Concordan(s)e, le duo It’s a match.
Sylvain Prudhomme vit à Arles. Ses livres sont traduits dans plusieurs langues. Il collabore chaque mois, depuis 2015, à la chronique « Écritures » du quotidien Libération.
Sylvain Prudhomme est le lauréat 2019 du prix Femina et du prix Landerneau des lecteurs pour son roman Par les routes.

le livre

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éditions L’Arbalète-Gallimard

« J’ai retrouvé l’autostoppeur dans une petite ville du sud-est de la France, après des années sans penser à lui. Je l’ai retrouvé amoureux, installé, devenu père. Je me suis rappelé tout ce qui m’avait décidé, autrefois, à lui demander de sortir de ma vie. J’ai frappé à sa porte. J’ai rencontré Marie. »

Avec Par les routes, Sylvain Prudhomme raconte la force de l’amitié et du désir, le vertige devant la multitude des existences possibles.

la presse

Sylvain Prudhomme, l'autostoppeur littéraire
  • Avec l'autostoppeur compulsif de son dernier roman, «Par les routes», Prix Femina 2019, Sylvain Prudhomme partage le goût du voyage et des rencontres. Et du Sénégal, d'Algérie, de la frontière mexicaine ou d'Arles, il rapporte des histoires: «J'aime les choses vécues».
Si l'écriture est «un désir là depuis très longtemps, depuis le collège», raconte l'auteur, il a atteint, à 40 ans, une forme de maturité et un style d'une simplicité percutante, peaufiné au long d'un parcours singulier.
Né dans le Var, arrivé bébé au Cameroun en 1979, Sylvain Prudhomme a parcouru le monde, et surtout l'Afrique, d'abord en suivant son père Philippe, qui travaillait à la Caisse Centrale, ancêtre de l'Agence française de développement (AFD): Niger, Burundi, Ile Maurice...
Jeune adulte, il retourne en Afrique, pour travailler à l'Alliance française en Casamance, au Sénégal, où il pioche déjà un de ses récits, «Les Grands» (2014), sur un groupe de musiciens de la Guinée Bissau voisine.
Car plus encore que les voyages, Sylvain Prudhomme aime les gens et leurs histoires. «Il a une grande attention à la parole des autres», souffle son éditeur Thomas Simonnet, responsable de la collection L'Arbalète, chez Gallimard.
«J'aime les choses vécues, pas forcément par moi, mais qu'on m'a racontées et qui m'ont marqué. Mon plaisir, en écrivant, est de retourner dans l'épaisseur du moment», ce moment où les personnages «prennent un certain nombre de décisions, au lecteur de savoir s'ils ont bien fait ou pas», explique l'auteur à l'allure de jeune homme et aux cheveux ébouriffés.
Pas question pour lui d'imposer ses vues au lecteur, il refuse que les choses soient «trop soulignées» dans ses œuvres. Un trait qui épouse son caractère, assurent ses proches.
- «Infinie douceur» -
M. Prudhomme, c'est «une énergie assez exceptionnelle, éreintante parfois», plaisante l'historien Paulin Ismard, un ami depuis la Fac de Lettres à Paris, où il a débarqué à 18 ans. Mais c'est aussi «un désir gigantesque pour le monde et en même temps une grande douceur, une vraie bienveillance».
Son écriture n'est «jamais prétentieuse», abonde l'écrivaine Alice Zeniter. «Je trouve très beau cette humilité, chez lui pas de: +Regarde comme j'ai travaillé ma phrase+. Ça va avec sa personnalité, une infinie douceur. Sylvain est profondément gentil», poursuit l'auteure de «L'Art de perdre».
Cette «grande douceur enveloppante», son éditeur Thomas Simonnet l'avait découverte dans «Là avait dit Bahi», publié en 2012. Sylvain Prudhomme y contait l'histoire de son grand-père maternel, qui a dû fuir l'Algérie à l'Indépendance, en une seule longue phrase, sans ponctuation. «En un souffle», résume l'auteur.
Ce fan de foot, et de l'OM en particulier, a aussi gardé un pied dans le journalisme. Chroniqueur régulier à Libération, il a parcouru en... autostop toute la frontière entre le Mexique et les États-Unis pour un grand reportage publié en 2018 dans la revue America («On the road»).
Mais de l'Algérie à la Guinée Bissau en passant par la frontière mexicaine, le voyageur infatigable a fini par se fixer un peu, à Arles, où sa compagne Aurélie travaille pour les Rencontres de la photographie.
Les jouets de leurs deux garçons disputent aux livres l'invasion du salon de la maison, tout près du Rhône, le nouveau décor de ses romans les plus récents, comme «Légendes» (2016), dans lequel il fait revivre les heures de gloire de la mythique boîte de nuit de la Plaine de la Crau, la «Churascaia», dans les années 1980.
Son éditeur a senti le changement: «Dans ses premiers livres, il rapportait la parole des autres, dans « Par les routes » il utilise le « je » pour la première fois».
«C'est quand même une conquête», estime Sylvain Prudhomme. «Je ressentais le besoin de n'avoir la responsabilité que de moi-même», surtout après le polyphonique «Légendes», «où je devais assumer les histoires qu'on m'avait confiées».
L'autostoppeur s'est posé, au moins pour un temps. afp